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Pierre Bruder : des écrits et des causes

jeudi 12 octobre 2017

Pierre Bruder est un grand voyageur : il a parcouru le monde, le plus souvent à pied, depuis les chemins de Compostelle jusqu’aux rives de l’Inde, privilégiant les rencontres humaines. Il s’est aussi lancé dans une aventure éditoriale en créant les Éditions Brumerge et est également romancier. Nous avons recueillis quelques informations auprès de cet homme discret et secret. Sous le nom de plume de Bernard Fauren, il traite de sujets comme la folie avec une infinie délicatesse et une grande sensibilité, dans une écriture simple et fluide.

Comment vous est venue l’idée de créer non seulement une maison d’édition, mais surtout sous forme associative ?

Je me suis longtemps contenté de parler de mes lectures sur la toile, d’écrire dans des blogs littéraires. J’y exprimais mes opinions et mes coups de cœur littéraires. Grâce à cela, j’ai aiguisé ma plume, mais j’ai surtout pu contacter de nombreuses personnes qui m’ont encouragé. Certains sont devenus des amis avec qui j’ai fondé un forum littéraire, L’huître perlière. Puis nous avons créé les Éditions Brumerge qui sont nées en 2008. Une partie de ces amis étant belges nous avons aussi fondé les Éditons GEB’arts, le groupe éclectique belge des arts, qui marche très bien et encourage l’expression artistique sous toutes ses formes. Je l’ai fait avec la complicité des auteurs Carine Geerts et Pierre Paul Nélis.

Comment fonctionnent les Éditions Brumerge à Grenoble ?

Aujourd’hui, notre catalogue compte plus de cent titres parus sous forme de livres de poche grâce à une quarantaine d’auteurs avec qui nous signons des contrats à compte d’éditeur. Nous avons un distributeur qui expédie les livres commandés et un diffuseur chargé de faire connaître nos auteurs.

Mais cela n’est pas facile pour les petites structures comme la nôtre.

Comme beaucoup de petits éditeurs, les tirages se font la plupart du temps « à la demande », c’est-à-dire par petites quantités. Souvent, dans cette aventure éditoriale, ce sont les imprimeurs et les distributeurs qui imposent leurs prix. L’éditeur, associatif ou non,  se contente de redistribuer les royalties aux auteurs et, pour un prix de vente modique, il ne peut se dégager beaucoup de marge sur de petits tirages.

D’autant plus qu’au fil de mes voyages et rencontres, j’ai souhaité financer des projets humanitaires, comme des aides à un micro-projet rural en Arménie, la construction de pompes à eau en Inde et toutes sortes de causes qui m’ont touché.

Quant aux auteurs, ils restent à découvrir dans le catalogue des éditions, que ce soit des auteurs connus, inconnus ou méconnus, ils finissent par être reconnus grâce à leurs textes même si c’est par un petit nombre.

Vous êtes également écrivain et avez écrit plusieurs romans sous votre nom de plume Bernard Fauren ?

Oui, principalement avec L’en secretLa cascade d’Enora et Camille, que j’ai fait paraître sous ce pseudo, non pas que je tienne à me cacher mais plutôt à rester discret.

Vous vous effacez pour laisser la place à vos personnages ? Comme dans Camille...

C'est l'histoire de deux personnages, Camille et Pierrot. Je n’ai pas fait exprès de reprendre mon prénom, mais c’est aussi qu’il y a un peu de moi dans cette histoire !

Ils sont enfermés dans un hôpital psychiatrique et cherchent à s’évader comme ils le peuvent de cet univers. Ils se demandent qui est dedans, qui est dehors. La folie, l’enfermement sont des thèmes que j’affectionne particulièrement.

Vous avez beaucoup voyagé à travers le monde, souvent en marchant, pourtant vous n’avez pas encore écrit de récit de voyages ?

Oui, c’est vrai. J’ai privilégié la rencontre : je voulais regarder le monde, comprendre les gens et les aider si possible. Toutefois, un nouveau texte est en préparation qui sera publié aux Éditions BrandonSur les traces de Kali qui s’inspire de mes voyages en Inde. Ce sont des impressions, des ressentis, une quête nourrie par la marche et les rencontres au fil du chemin.

Vous avez aussi rencontré Céline Hégron qui se bat pour que les habitants des quartiers les plus déshérités de Bénarès puissent bénéficier d’un accès gratuit aux soins, habituellement payants...

Oui, cette une jeune infirmière vendéenne rêvait de l’Inde depuis toujours. Elle a fini par s’y installer et travaille dans un dispensaire à Bénarès. Mais, touchée par l’exclusion des plus pauvres, elle a écrit un livre et créé une association du même nom, Un Rêve indien, afin de réunir les fonds. Les Éditions Brumerge ont édité le livre où Céline Hégron partage son quotidien en écrivant au jour le jour à sa famille restée en France. Nous reversons ce que j’appelle une marge humanitaire à l’association qu’elle a créée en 2011. Un deuxième livre a été édité qui rassemble les récits de plusieurs voyageurs en Inde, dont les droits sont aussi reversés à l’association.

Merci, Pierre Bruder, pour ces précisions.


Françoise Daudeville

 

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